L’intérêt persistant du décodage « fonctionnel » des idéogrammes médicaux anciens pour le praticien contemporain : l’exemple de l’idéogramme QI

Couverture Moka Concept Dynamique - MOC MCA - Médecine Chinoise Ancienne & Occidentale Classique - Moka Enseignement

Il est bien connu que « l’écriture-pensée » des chinois primitifs était gravée au deuxième et troisième millénaire avant Jésus-Christ, sur des surfaces émanant du quotidien : plaquettes de bambou, omoplates de cerf ou carapaces de tortue. Elle proposait d’ores et déjà un discours construit, aussi bien empirique que théorique.

Il serait tentant d’y voir un reliquat d’histoire, un élément de muséographie impraticable et dépassé par la pratique médicale contemporaine. En effet, les capacités de fusion des données médicales par l’intelligence artificielle (IA) permettent d’observer des bonds importants et essentiels dans les capacités de diagnostique et parfois même de traitement de certaines pathologies. Ne serait-il pas dans l’intérêt général, au nom de la rationalisation des systèmes de soin si désespérément en difficulté à travers le monde, de s’en réjouir ? Ne devons-nous pas y voir l’espoir de traiter plus rapidement le plus grand nombre avec moins de ressources ? En effet, pallier les effets délétères des déserts médicaux et la sous-médicalisation des populations défavorisées n’est-elle pas rendue possible par le « deep-learning » capable de diagnostiquer un cancer, ou d’établir l’étiologie d’une endométriose chronique à des milliers de kilomètres du patient en recherche de « guérison » ?

On se permet ici de réaffirmer qu’en dépit des progrès techniques sus-mentionnés le thérapeute contemporain se trouvera toujours et encore confronté à des pathologies échappant à toute quantification aussi sensible soit-elle. C’est dans cette interstice (qui de surcroît prédomine dans nos consultations quotidiennes) qu’il est intéressant de sortir de l’oubli la théorie médicale chinoise ancienne, noyée au fil des millénaires par une glose proliférante devenue malheureusement obscure pour beaucoup de praticiens et honnie par d’autres. Aussi, la lecture de la langue, la prise des pouls, les huit règles, les cinq éléments ont suscité des querelles de chapelles, dignes des pires guerres de religion. Leurs préoccupations étaient centrées davantage sur la « pureté » du respect de la Tradition que sur le lien entre la singularité de chaque être et la lecture des idéogrammes médicaux anciens.

Nous avons souligné ailleurs l’importance de cette singularité (cf Sources paysannes de la médecine chinoise ancienne p. 37). Mais nous allons ici plus loin, insistant sur le concept moderne d’ « énergie/information », prônée par la physique quantique.

J’ouvre ainsi la discussion en quelques traits observant l’idéogramme QI :

Tout d’abord, notons qu’un lien entre le passé lointain et le futur immédiat nous est proposé par l’idéogramme QI, classiquement traduit par le terme « énergie ».

Q1

Q1

Nous verrons que tous les éléments du diptyque « information / énergie », y sont déjà en place. Son décodage permettra de valider la démarche de la Médecine chinoise ancienne (MCA) qui privilégie les idéogrammes primitifs plutôt que les commentaires de la Glose. En effet, en quelques traits, l’idéogramme QI invite d’ores et déjà l’observateur à accueillir une conception globale du fonctionnement de l’Humain. On y observe deux sigles superposés : supérieurs, faits de trois traits horizontaux, surplombant une croix, en situation inférieure.

Cette conception du QI nous rappelle que la « guérison » des symptômes de nos patients nécessite une lecture « intuitioniste » à trois niveaux : cryptographique, idéographique et symbolique.

  • –  Par lecture cryptographique on entend une lecture qui aborde l’idéogramme comme un pictogramme, observant uniquement les ressemblances entre l’image et les objets physiques comme point de départ d’une réflexion ou d’une communication. Ici le cryptogramme montre ce qu’il désigne : en l’occurrence un grain de riz en bas, en train de cuire pour dégager une vapeur alléchante en haut.
  • –  Dans la lecture idéographique on interprète. L’idéogramme reprend l’image du grain de riz en train de se multiplier sous l’action trinitaire du ciel fertilisateur, de l’Homme cultivateur et du sol récepteur (cf. les trois traits horizontaux supérieurs) assurant ainsi la base essentielle de la chaîne alimentaire.
  • –  Le symbolisme souligne le sens des trois traits supérieurs représentatifs du du Yin, du Yang, et du trait d’union qui les solidarise. Grâce à leur impulsion, l’ « information- énergie » diffuse dans les quatre axes de la croix, évoquant le temps et l’espace (les quatre quadrants de l’horloge, les quatre orients de la boussole).QI nous rappelle ainsi que les symptômes de nos patients sont toujours liés à l’énergie vitale, et que celle-ci est toujours située entre « Ciel » et « Sol ». Le thérapeute contemporain sensible à cette forme de langage de la MCA entre de la sorte en dialogue avec la globalité des symptômes de son patient. Il permet d’observer l’individu situé au centre de l’espace. Certes l’Humain subit cette énergie (il est dominé par le Ciel), mais tout autant il l’influence de par sa création de l’espace-temps (il domine le Sol). Autrement dit l’Humain détermine les coordonnées de l’espace de par sa seule présence située : spécifiant l’espace (i.e. la création de la boussole), et jalonnant le temps (i.e. observant le temps, l’ombre du gnomon).
Paramètres de confidentialité
Lorsque vous visitez notre site Web, il peut stocker des informations via votre navigateur à partir de services spécifiques, généralement sous forme de cookies. Ici, vous pouvez modifier vos paramètres de confidentialité. Veuillez noter que le blocage de certains types de cookies peut avoir un impact sur votre expérience sur notre site Web et les services que nous proposons.